« LES PRUNEAUX DE TOURS » UNE SPECIALITE DE HUISMES DISPARUE
« Le vrai pruneau de Tours n’est ni graisseux, ni ciré, ni verni. Il est ratatiné, gercé, ridé comme peau de vieille : et tout son suc, sorti à la chaleur du four ou du soleil poudre sa pulpe. Si vous sucez le pruneau de Tours, il a peu de chair épaisse, mais elle « affriole » par sa douceur acidulée, ranime les papilles et active les salivaires ».
(Ainsi s’exprimait Jacques-Marie Rougé dans son ouvrage « le folklore de la Touraine (1931)
La production des pruneaux de Tours, à l’instar de la culture du chanvre dans la vallée de l’Indre, a une origine très ancienne. Rabelais la mentionnait déjà au XVIème siècle, Pantagruel recommandant à Panurge de manger entre autres « quelques pruneaux de Tours ». Très renommés aux XVIIIème et XIXème siècles, ces fruits si appréciés étaient vendus à Tours et même exportés à l’étranger grâce à la marine de Loire. Puis la production allait décliner après la guerre de 1914-1918, pour disparaître vers 1930, en raison de la rareté de la main-d’œuvre, de l’extension de la culture moderne et de la concurrence des pruneaux d’Agen et de Californie. Vers 1930, Huismes restait une des dernières communes où l’on préparait les pruneaux. Sur les 800 quintaux de prunes récoltés encore dans les environs de Chinon, près du tiers provenait de cette seule commune.
Voici quelques témoignages recueillis à Huismes dans les années 1960 :
- M.C. Durand précisait que sur une exploitation de 6 à 7 ha, il y avait 40 à 50 pruniers de Ste Catherine. Selon les années, on produisait 100 à 200 Kgs de prunes cuites qui étaient vendues à la maison Arbona à Tours
- M. G. Lefort informait que dans l’exploitation de sa mère (6 à 7 Ha) la principale ressource était la prune de Ste Catherine. Elle avait 8 fours, 150 pruniers et récoltait 1000 à 1500 Kgs de prunes cuites par an, vendues au prix de base de 20 cts la livre en 1900.
- M. P. Boucher avait entendu dire par son père qu’en 1892, la récolte avait été exceptionnelle, on avait produit dans les 14 fours environ 3000 Kgs de prunes cuites. Il insistait également sur la longue cuisson des pruneaux : tout d’abord les prunes devaient reposer sur des rondeaux d’osier fabriqués soit à Chouzé-sur-loire ou à la propriété. 5 à 6 chauffes successives se faisaient dans le four chauffé à blanc avec des épines et des ajoncs. Lors de la dernière cuisson, la vapeur se condensait en poussière, c’était le blanc qui retombait sur la prune et formait la « fleur » d’où le nom de « pruneau fleuri »
Derniers vestiges de cette production, des fours à pruneaux sont encore visibles à Huismes, accolés aux maisons ou creusés dans le tuffeau des habitations troglodytiques.
Vous pouvez également retrouver 2 fours à pruneaux dans la cour de la Chancellerie chez Monsieur et Madame PELOURDEAU Bertrand. N'hésitez pas à les contacter pour une visite.